» A tone parallel to the american negro history « 
Duke Ellington – 1943

BB&B est sans doute l’une des plus grandes œuvres de Duke ELLINGTON.  Sa durée est approximativement d’une heure.
Suite concertante écrite en douze mouvements,  elle raconte l’histoire de l’émancipation du peuple noir Américain.

Duke Ellington n’a jamais interprété cette œuvre dans sa totalité mais par extraits et seulement deux fois dans sa vie. Elle se compose de douze mouvements et d’un final et donne une image forte en émotions de la résistance puis de l’émancipation du peuple noir américain.En 1990, Claude Bolling, ami et disciple d’Ellington souhaite enregistrer cette œuvre dans sa totalité.Avec l’aide précieuse de Mercer, le fils de Duke,  » Mister Bollington  » entre en studio après avoir reconstitué les partitions d’époque sur la base des documents confiés par Mercer Ellington. Un enregistrement sera réalisé au Perreux sur Marne, sur la scène même du théâtre local.
Jean-François Dewez, alors Parisien d’adoption, y assistera après avoir participé aux séances de répétition dans la section de saxophones du big band de Claude Bolling, au conservatoire de Boulogne Billancourt.
Claude Bolling confira ensuite le manuel complet original et reconstitué à Jean-François Dewez pour que le Couleur Swing Big Band puisse à son tour faire découvrir en direct et à son public, cette partition unique dans l’histoire du jazz.Crée à New York le 23 janvier 1943, cette pièce majeure dans l’œuvre très copieuse de Duke Ellington a constitué un réel événement musical sans précédent.
En effet, jouée pour la première fois dans le cadre mythique du Carnegie Hall, réservé jusqu’alors à la  » grande  » musique, cette pièce plus qu’originale pour l’époque était particulièrement attendue et fut jouée à guichets fermés.
Nourri par une grâce divine et doté d’un sens inné de la composition et de l’orchestration, le grand Duke offrait alors à la musique afro-américaine un retentissement et une respectabilité à l’égal de la musique classique.

Tellement en marge des courants musicaux de l’époque, cette suite s’articule autour d’une succession ordonnée de climats aux ambiances teintées d’interrogations.
L’espoir est ici toujours le seul et véritable fil conducteur. Il nous conduit pas à pas vers une fin que l’on souhaite écrite en forme de  » happy end  » mais nous rappelle que le bonheur des peuples se construit souvent dans la souffrance.
Ponctuée tantôt de doute, tantôt de peur, parfois même de résignation, cette œuvre emblématique et nouvelle sur bien des plans est dotée d’une envergure qui dérogeait des concepts jazzistiques de l’époque.

Le public qui l’a découvrit lui réserva d’ailleurs un accueil plus qu’enthousiaste tant cette partition était éloignée des modes d’écriture qu’affectionnait Georges Gershwin, alors détenteur de l’esthétique musicale parfaite quant il s’agissait de confondre jazz, musique symphonique et succès populaire.
Seuls certains critiques firent alors des réserves sur cette partition ambitieuse, hymne sacré à la négritude, et qui ne pouvait être admise par les écoles et institutions conceptuelles de l’époque.

Duke Ellington, peintre et musicien coloriste résumait alors avec B.B.& B et quelques autres pièces concertantes expérimentales son soucis d’intégration et de paix.

D’autres tels que Miles ou encore Coltrane s’en serviront pour conduire cette musique vers un modernisme intemporel.

L’extraordinaire constant dans  » Black, Brown & Beige  » reste sans aucun doute l’exceptionnelle fertilité musicale de cette suite accompagnée d’un caractère et d’une étonnante diversité des sonorités extraites de l’orchestre.

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